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PARAPENT -EX archives de 2005 à 2013 de parapentaix

Vol depuis le Pelvoux façon hold-up !




Tout commence mardi midi chez mes beaux parents à Rognac (13). Je viens de piquer une tête dans la piscine et entame le repas de midi avec ma chère et tendre. J’attrape une bouteille de rosé, histoire de se laisser aller après le repas et de faire une bonne sieste au bord de l’eau. C’est ce moment précis ou Seb (de Vinon s/ Verdon) décide de m’appeler et il me dit : « Louis ! On a un créneau météo pour le Pelvoux demain matin, c’est à prendre ou à laisser… ». Le téléphone dans la main droite, le rosé encore bouché dans la main gauche, j’entame une réflexion poussée pendant quelques secondes : rosé-piscine ou bavante-parapente… Bon, aller, des créneaux pour le rosé j’en aurais pleins, surtout avec les sacs à vin qui trainent au club… C’est à ce moment précis que tout s’enchaine. Le temps de reposer le rosé au frigo, de rentrer à la maison pour faire mon sac, de chercher Seb sur Aix, de faire son sac à Vinon, d’acheter des barres céréales et un bout de saucisson, d’acheter un brin de corde de 30 m plus alléchant que nos brins de rappel de 50 m et de faire la route, nous voici arrivés à Aillefroide à 20h00, heure classique pour se coucher au refuge (1200 m plus haut) en vue de faire la course dans de bonnes conditions. Seb sort son réchaud et fait une plâtrée de pâtes façon « pas bonnes » mais qui a le mérite de remplir son rôle de plâtrage de ventre. 20h55 nous voici en route pour le refuge du Pelvoux. Il fait encore jour pour une heure et nous croisons trois cordées d’alpinistes épuisés en train de descendre. 22h00 la nuit est là, nous ne croisons plus que deux grimpeurs de blocs acharnés qui visiblement ont grimpés jusqu’ a ne plus voire une prise. 23h00, c’est la nuit noire et nous croisons un chamois, enfin on en a vu que les yeux qui reflétaient la lumière de nos frontales. Il fait étonnamment chaud pendant cette montée. Il est fréquent qu’il gèle à cette altitude or nous montons en T-shirt et pour ma part je sue comme si je montais au Pic de Mouches à 11h00 sous le soleil… Nous arrivons à minuit devant le refuge et organisons notre bivouac dans les voiles de parapentes. Je m’allonge et m’en grille une petite (et oui j’ai vraiment tous les vices) et là en voyant ce ciel incroyablement étoilé, la voie lactée comme si on y était, je me dis qu’on est mieux là qu’au bord de la piscine. Chacun se cale comme il peut entre le caillou qui entre dans la cuisse et celui qui écrase l’épaule  et on s’endort pour trois petites heures. Finalement j’aurais très bien dormis. A 3h20 les premiers alpinistes du refuge partent pour le Pelvoux et nous réveillent. On s’enfile 5 figolus, on plie les voiles et c’est parti pour cette montée interminable puisque le sommet est encore 1200 m plus haut. C’est la troisième fois que je monte au Pelvoux. Elles sont toujours aussi belles ces lignes de fuite sous les pieds dans le couloir Coolidge qui mène au sommet. Par contre je n’étais pas entrainé, la nuit courte et le sac aidant, j’admets avoir soufflé un peu dans la montée alors que dans ce genre de courses j’avais plutôt l’habitude d’avoir de la marge. Il faut vraiment que j’arrête le rosé, les cigarettes et que je refasse plus de montagne… Enfin, nous voici sortis du couloir Coolidge à 7h15 aux environs de 3850 m. Seb arrive sur le replat en contrebas du sommet avant moi et propose de décoller de suite car les conditions sont parfaites. La suite nous montrera que nous avions eu raison car une heure après le ciel était bâché. (Raison d’un point de vue parapentèsque, peut-être pas d’un point de vue alpinistique puisque nous avons shuntés le sommet). Bref, le vent est parfait, 5 à 10 km Ouest / Nord-Ouest, on se prépare vite et Seb décolle en premier en lâchant un cri de bonheur. Il s’écarte du relief et engage un virage à gauche direction Vallouise 2700 m plus bas. Je revois encore le regard des alpinistes qui nous observaient… dans leurs yeux on pouvait lire un mélange entre de l’admiration pour la beauté de la chose et une haine farouche et jalouse, car qui connait la descente du Pelvoux serait prêt à tuer un parapentiste pour lui braquer sa voile et éviter cette descente aussi belle que longue et interminable. Je décolle à mon tour : petit pré-gonflage, on se retourne, trois pas et en une fraction de secondes me voici au dessus du couloir que nous venons de monter, un pur bonheur, je ne peux pas m’empêcher de crier de joie à mon tour. Il fait beau, l’air est d’un calme absolu et la vue est absolument incroyable. Ca fait du bien de lâcher une larme de bonheur, c’est vraiment trop beau. Seb fait quelques tours 2000 m au dessus du village d’Aillefroide pour m’attendre et nous faisons la suite du vol côte à côte. Seb en profite pour faire quelques prises de vues, les plus belles que j’ai depuis que je fais du parapente, merci Seb. On se pose à Vallouise 9 km plus loin et 2700 m plus bas vers 8h00. L’atterrissage par vent nul avec les crampons et les jambes froides met fin à ce pur moment de magie. C’est un des plus beaux vols de ma vie. Le temps de plier et le ciel se bâche, nous avions aperçu cette petite perturbation depuis le sommet mais pour ma part je n’aurais pas cru qu’elle arrive aussi vite. Voila comment en 11h00 on peut faire le Pelvoux et se retrouver en bas. Classiquement, si on veut le faire « cool » et sans parapente il faut plutôt 25 ou 26h (nuit au refuge comprise), c’est pour cette raison que l’article s’appelle « Vol depuis le Pelvoux façon hold-up ».

Louis

 


 

 

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R
Luiggi !... T'aurais pas du... monté sans ta bouteille de rosée : au sommet, tu la câle dans la neige pendant que t'étale et, juste avant de partir tu sort le tire bouchon : et là dans l'air frais du matin tu déguste et t'apprécie vraiment le nectar !! mécréant va...Quand au Bauju ; j'ai dans l'idée que d'ici peux, faudra qu'il se méfie, il me reste quelques échantillons d'un petit 98 qui fait des trous partout ...une si joli voile ... ça serait domage...
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D
Ohlàlà, Louis, comment ça fait délirer cet article !!! JE viens de le lire à cause de l'article plagiat de tes compères Reblochons... C'est génial ! On comprend ton enthousiasme...J'ai beaucoup ri en lisant la mise en garde prudente du Bauju... Fais gaffe, Bauju, maintenant que tu as divulgué leurs noms, eux aussi te cherchent !!!!!!
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M
Bonjour,Salut Louis !Le vol du Pelvoux est absolument splendide.Je l'ai fait avec 2 amis en août 1995 (13 ans déjà !) et j'en garde un magnifique souvenir.Le sommet était dans un léger brouillard et nous avions décollé (sous le brouillard, le temps était tout à fait calme et sympa) à la rupture de pente du Glacier des Violettes.Un vol groupé à 3 absolument de toute beauté ;-))Pour Bernard, je lui conseille vraiment de contacter le gardien du refuge avant d'aller là-bas.En effet, le réchauffement en altitude aidant, les couloirs de neige deviennent à présent rapidement en glace et je pense qu'il y a de gros risques que le couloir Coolidge en septembre ne soit plus en bonnes conditions (et en plus il canalise facilement les pierres lorsqu'il a bien fondu).De toute façon, j'envisage d'y retourner en juin ou juillet 2009, si tu ne l'as pas fait d'ici là, on pourrait monter le projet avec toi...Je pars demain très loin d'Aix jusqu'au 14 septembre, donc plus de nouvelles de moi d'ici le 15 septembre (et il me restera alors en tout et pout tout 1 semaine de boulot...).Amicalement et bons vols.Marc Lassalle
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D
'tin!Vraiment ça fait grave envie! Si un jour je passe du "randonneur parapentiste amateur" au paralpiniste, c'est promis, je m'incruste! :)Bravo pour ce récit et cette superbe vidéo!A+dob
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L
Dis donc, le Luigi, c'est qui ces  " sacs à vin qui traînent au Club " ??? Paraît que le RV et le Bressou te cherchent partout pour te casser la gueule, faut pas les froisser ces gars là,y sont suce septibles.....Jolie ambiance, belle course et superbe glissade, t'as du t'en mettre plein le noose....Tu vas signer chez Pierric, Marc, Serge, Jean Marc,  Jean-Phillippe et toute la bande des paralpinistes si ça continue !!!!!! A+Loïc
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